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Broyage manuel de couleurs,
formulation de peintures, médiums et additifs pour artistes peintres.
Le sur-mesure des couleurs pour artistes
Vous souhaitez travailler avec des peintures différentes de celles du commerce ? Une pâte plus riche en pigment, un pigment inédit qui attend sur votre étagère, une peinture utilisable dans des contextes particuliers... Vous êtes copiste et vous voulez retrouver des techniques d'exécution d'autrefois ? Thierry Moutard-Martin crée pour vous les matériaux adaptés à vos besoins.
Ci-dessus, exemple de l'ancienne technique des superpositions dans le frais, reconstituée grâce à des peintures broyées suivant des formules qui n'existent pas dans le commerce. Les pâtes obtenues permettent dans une même séance de superposer sans mélange ou bien de fondre les couleurs, au choix de l'artiste. Et ceci sans la moindre adjonction de médium résineux. C'est le secret de Rubens enfin retrouvé...
Différentes huiles pour le broyage des couleurs: de gauche à droite, huile de lin cuite, huile de lin éclaircie au soleil, huile de lin crue, standolie, huile de noix, huile de noix claire, huile de noix commerciale, huile de noix "bio", huile d'œillette, huile de carthame.
Broyer des couleurs, qu'est-ce que c'est?
Dissipons tout de suite un malentendu : malgré le nom de l'opération, broyer un pigment dans l'huile n'a pas pour objectif de briser les grains de pigment en grains plus petits. Cette opération a déjà été accomplie par les industriels qui fabriquent le pigment. La poudre qu'ils proposent est d'une finesse impossible à atteindre par des moyens artisanaux. Le broyage est seulement un mélange. Mais c'est un mélange particulier : il faut arriver à disperser régulièrement les grains de pigment dans leur liant.
Pourquoi ne pas simplement mélanger le pigment et l'huile (ou la résine) et touiller jusqu'à ce que ça fasse de la pâte? À l'échelle macroscopique, tout semble correct. Mais à l'échelle microscopique, le produit obtenu est catastrophique; de nombreuses zones sont constituées d'agglomérats de pigment non mouillé par le liant, comme des grumeaux dans une sauce ratée. En outre, pour avoir une pâte à peu près docile, il faut alors mettre une quantité exagérée d'huile, ce qui donne une peinture sale et jaunissante. Enfin, les embus sont fréquents avec ce genre de mixtures.
Pourquoi un simple mélange à la spatule donne-t-il de si mauvais résultats? Parce que les pigments sont des poudres d'une extrême finesse (les grains des pigments modernes font souvent moins d'un micromètre de diamètre!). Les forces qui collent ces petits grains en amas, en mottes si vous voulez, sont énormes comparées à leur masse car la finesse de division de la poudre lui confère une surface volumique gigantesque et que ces forces microscopiques sont proportionnelles aux surfaces mises en contact. Un gramme de bleu de Prusse peut avoir une surface développée de 100 mètres carrés... Quand on met un petit tas de bleu de Prusse sur la pierre, et que l'on verse dessus quelques gouttes d'huile pour en faire une peinture, disperser correctement le pigment dans l'huile réclame un effort identique à celui qu'il faut fournir pour étaler cette même huile sur une surface de 100m² afin de la mouiller totalement. On en est très loin quand on triture le mélange à la spatule.
Conséquence: pour que l'huile pénètre ces amas et que les grains soient régulièrement dispersés dans le liant, il faut exercer une force d'écrasement élevée. Une simple trituration à la spatule est très insuffisante. Seul le travail à la molette sur la pierre permet de séparer ces grains et de disperser correctement le pigment dans son liant, parce que ce système permet de développer des forces de cisaillement élevées dans la pâte, pour peu qu'on sache s'y prendre correctement.
Avec des poudres plus grossières, le problème ne se poserait pas. Du sable est facile à empâter avec de l'huile ou de l'eau. Le recours au broyage à la molette ne se justifie que dans le cas des pigments ou des charges. Mais pour ces derniers il est absolument indispensable. Une pâte simplement mélangée sans broyage vieillira en donnant une peinture exagérément fragile, car elle est très hétérogène et elle contient de nombreuses amorces de ruptures.
Une pâte correctement broyée à la molette donnera une peinture solide et durable. Lors de l'utilisation, elle a un pouvoir colorant bien supérieur. Sa finesse et sa consistance sont incomparables.
A gauche, ocre rouge empâtée à l'huile de lin par trituration à la spatule (taille réelle de l'échantillon = environ 2,5cm). A droite, le même échantillon après broyage. La pâte est fine, elle ne grésille plus sous la molette, elle donne des mélanges impeccables. (Sur ces clichés, il est impossible de juger des couleurs car elles sont altérées par l'éclairage incandescent).
Comment se pratique le broyage des couleurs ?
On prépare d'abord la pâte en suivant plusieurs étapes qui visent à empâter le pigment et l'huile (dosage, mouillage initial, etc.). Le début se fait au pilon dans un mortier. Ensuite, la pâte ainsi obtenue est affinée par broyage à la molette sur la pierre. En réalité, molette et pierre à broyer sont souvent en verre.
La formule exacte du liant, l'ordre dans lequel les ingrédients sont ajoutés, le rapport pigment/liant, la façon de broyer et la durée du broyage, tous ces paramètres sont différents selon les pigments. Un noir d'ivoire pourra réclamer 95g d'huile pour 100g de pigment, tandis qu'un blanc de titane prendra seulement 19g. Certains pigments doivent être chauffés avant l'empâtage, d'autres réclament des additifs et des auxiliaires de broyage pour donner des pâtes correctes. Dans d'autres cas, par exemple des pigments ayant subi un traitement de surface qui les rend plus faciles à disperser dans l'huile, le chauffage risque d'abîmer ce traitement... Bref, il existe une méthode de broyage et une formule par pigment. Seule l'expérience permet peu à peu de s'y retrouver et de se constituer un fonds de formules efficaces et adaptées à la pratique picturale souhaitée. Mais une fois qu'on a acquis cette science, une liberté et une puissance nouvelles dans l'emploi des couleurs deviennent accessible à l'artiste.
Thierry Moutard-Martin est actuellement en train de publier un traité complet sur ce sujet, sous forme d'une collection de volumes intitulés les Cahiers du Broyeur de Couleurs (voir l'onglet "actualités").
Ci-dessus, un autre exemple : du bleu de cobalt PB28 broyé à l'huile de noix. La pâte de la photo de gauche sort du mortier, elle a simplement été empâtée et pilonnée. À droite, elle a subi un premier passage à la molette. La différence est encore plus frappante si on compare les deux avec des outils adaptés. Sur la photo ci-dessous, on a testé les deux mêmes pâtes à la jauge de broyage :
La pâte non broyée est celle du haut. Elle est tellement grossière qu'elle ne passe même pas sous la raclette à l'endroit le plus profond de la jauge (50µm, à droite). Après un court broyage à la molette, elle est déjà assez fine pour aller jusqu'au milieu de la jauge (échantillon du dessous). Ces essais montrent à quel point un broyage bien conduit est indispensable pour utiliser correctement un pigment pur acheté dans le commerce. Il faut d'ailleurs savoir que même fait avec soin, ce broyage sera souvent moins bon que celui des peintures extra-fines produites sur les machines à cylindres des maisons réputées fournissant les artistes.
Les Cahiers du Broyeur de Couleurs
Le traité de peinture de Thierry Moutard-Martin est actuellement en cours de publication sous la forme de volumes séparés. Ils forment une collection intitulée les Cahiers du Broyeur de Couleurs. Pour vous tenir au courant des titres parus, consultez la section "actualités"du site. |